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First Shield

Collection Haute Couture aH 2023 – 2024

Mardi 4 juillet, défilé.

Salle Gaveau

Julien Fournié lance sa contre-attaque du style, véritable appel à la résistance pour l’élégance et la créativité.

Aficionado des valeurs féminines, (la diplomatie plutôt que la conquête, l’humour plutôt que l’agression, la séduction plutôt que la soumission), le couturier français défend plus que jamais que les femmes constituent le seul véritable bouclier pour protéger l’humanité de tous les débordements de virilité qui la mettent en danger via la guerre et les violences.

Ainsi, il détourne les breloques, passementeries et autres ornementations de l’apparat militaire dans un esprit festif. Les fourragères et épaulettes en passementerie prennent de nouvelles couleurs, les pampilles se substituent aux médailles, les étoiles des képis des généraux envahissent les robes de celles qui sauvent réellement le genre humain.

Bataille de brillances

Jouant d’abord sur des tenues d’homme féminisées à l’extrême (smoking surbrodé, ceintures à poches, ensembles en jersey de soie, pantalon et chemise militaire upcyclés, manteau revisité des poilus de la Première Guerre Mondiale), pour sa nouvelle collection Haute Couture, Julien Fournié se joue des codes des armées pour faire émerger la chatoyance des femmes dans les broderies qui attaquent, gagnent du terrain, envahissent les tissus précieux.

C’est, parfois une bataille de brillances qui se déroule entre le tissage élaboré de soie et de lurex et des aplats brodés. Ailleurs, c’est la cannetille, un fil de métal, qui vient parer le col de vestes « oversize » en doupion, velours ou satin.

D’amples manteaux se font remarquer par leur volume. Certains rappellent les portés des kimonos. Les doublures « flash » révèlent la lumière qu’ils cachent à l’intérieur. Pour sa collection Haute Couture, Julien Fournié ne s’interdit aucune inspiration, ni géographique, ni historique. Il s’amuse aussi bien de la cotte de maille (pour certaines broderies) que des brandebourgs des armées du XIXe siècle, des Samouraïs que des combattants des guerres du XXe siècle, des costumes d’homme, que des crinolines.

Attitude nonchalante

Une robe à la coupe inspirée des années 1930 permet un porté nonchalant grâce à des poches cachées et une veste « boyish » assortie. L’ensemble de couleur étain est entièrement rebrodé de perles et de cannetille canon de fusil.

On retrouve cette attitude nonchalante mains dans les poches, sur beaucoup de robes. « C’est la dégaine des filles d’aujourd’hui, avec davantage de liberté dans l’allure » précise le couturier. « Elles peuvent retrousser les pans de leur veste et avancer, avec leur sac ou leur pochette sous le bras comme les soldats portent une arme dans le combat. »

Kaki, lagon, or rose, violet, rouge composent la palette de couleurs de la saison sans oublier le noir. Certaines sont traitées par Julien Fournié dans le dégradé, d’autres dans la brillance quasi-disco du lurex, encore accentuée par de brillantes ombrelles assorties.

Adepte de la diversité, il choisit ses mannequins pour montrer son propos universel : métisses, asiatiques et européennes, ses femmes transcendent les frontières autant qu’elles se moquent des préjugés. Mais que reste-t-il aux hommes ? Romain Brau, acteur et chanteur à la magnifique chevelure rousse, suggère une voie en acceptant les paniers du XIXe siècle sur une grande robe noire à décolleté vertigineux sur son torse de mec.

Tout ceci donne lieu à une joute où chacune rivalise de style avec l’autre dans une confrontation où le plaisir du paraître le dispute à l’audace d’être soi-même.

La mariée de cette collection Haute Couture, archange de douceur, paraît dans son manteau immaculé blanc soie, et révèle une robe arborée d’étoiles argent. C’est sûr, avec sa tiare de cristal, elle vient d’une autre galaxie pour transcender tous les conflits de l’univers et rappeler à tous les humains que nous sommes tous faits de poussière d’étoiles.